J'accouche sans péridurale
J’ai accouché de mon premier bébé sans péridurale et j’aimerais revivre ça 100 fois !!
Avant de penser « bébé » je m’étais déjà imaginé le pouce sur la manivelle de la péridurale!
Et on a diagnostiqué chez ma mère une maladie neurodégénérative qui a, entre autres, pour conséquence la perte de sensibilité et de motricité des jambes. Vous imaginez le lien
totalement irraisonné que je me retrouve à faire entre maladie de maman et péri ? Je parle de ça parce que je crois que le mental dans ce projet d’accouchement physiologique c’est 80% du travail.
La naissance sans anesthésie est alors devenue mon sujet de mémoire de Master de maman.
J’ai passé 9 mois à lire des récits positifs, regarder des documentaires, m’instruire sur la
naissance. J’aurais pu écrire une bibliographie la veille de l’accouchement. Je me suis vite
rendue compte que cette machine qu’est mon corps est très bien pensée et qu’il allait être mon allié ! Mon autre allié c’est le papa.
Nous sommes alors devenues des étudiants en ayant pour professeur notre sage-femme absolument géniale formée à la méthode Bonapace. C’est une méthode de couple qui vise à apprendre des points de pressions à différents endroits du corps afin de dévier ou soulager les douleurs. Cette méthode utilise aussi des techniques de
relaxation, de respiration et de visualisation.
9 mois pour étudier et se préparer comme un sportif ou plutôt comme l’étudiante que j’ai été pour passer mes partiels. Cette même adrénaline. 9 mois de théorie et de préparation mentale,
9 mois à me dire que mon corps savait ce qu’il avait à faire, qu’il était (en partie) fait pour ça, que je lui faisais confiance. 9 mois aussi à entendre de la part de proches plus ou moins proches que j’étais folle, que je n’y arriverais pas, et que comme « tout le monde » je
demanderais la péri au bout de 2 heures de souffrance. Le dernier mois de grossesse j’ai
douté. Beaucoup… Me disant qui j’étais moi, et mon égo, pour me dire que je pourrais
dépasser des douleurs que je n’avais jamais ressenties et que je ne pouvais pas imaginer.
Super Mari/Papa est là pour remettre les pensées de maman où elles doivent être. Je ne sais pas comment j’aurais fait sans lui d’ailleurs.
Le jour J est arrivé : Mon mari, bien meilleur élève et plus consciencieux, que pendant toute
sa scolarité a été là pour me rappeler où nous en étions dans le marathon. Il me proposait les points de pression, me rappelait de respirer et m’aidait à visualiser ce que l’on avait projeté.
J’étais là pour lui dire ce qui était efficace à cet instant. Chacun son rôle dans notre team de
jeunes parents. Ces points de pression ont été L’outil. J’en aurais d’ailleurs des bleus pendant trois semaines ! Le second outil a été pour moi la baignoire.
De mon arrivée à la délivrance il s’est passé 8 heures. 8 Heures que je n’ai pas vu passer
puisque ma tête était en ébullition. Psychologue en réanimation je pensais à tous ces patients en souffrance, j’ai pensé aussi à certains de mes proches malades, en me disant que j’avais mal mais dans quelques heures cela serait terminé et que j’avais la plus belle raison de ressentir cela à l’inverse de ces personnes. J’ai visualisé de grosses vagues. Nous nous sommes mariés en bord de mer avec mon mari, plage réputé pour ses vagues d’ailleurs.
Je visualisais cet endroit que j’adore, la vague accompagnait ma contraction, ma respiration et je profitais des quelques instants de calme ensuite.
J’avais lu qu’entre 7 et 8 cm c’était difficile. Elles ne m’avaient pas menti les mamans ! Les
contractions s’enchainaient et le temps de calme était de bien courte durée. Mon mari me
parlait, me réconfortait et a mis sur son téléphone la vidéo de notre mariage. Je voyais nos
proches, cet endroit que j’aime tant, tout en me disant que c’était un passage, que j’allais
rencontrer mon bébé. A 8 cm j’ai vu la ligne d’arrivée et je sentais que j’en étais capable,
enfin ! Les sages-femmes m’ont encouragé en me disant qu’elles y croyaient que nous
formions une bonne équipe : papa, bébé et moi. Ces mots venant de professionnels m’ont
beaucoup aidé.
Le moment de la poussée est arrivé. Ma tête n’a cessé de penser et à aucun moment je me suis dit que je m’étais trompé dans ce choix. Nous y étions ! En toute honnêteté, le « passage est douloureux » mais je me suis répétée que mon corps savait et que des millions de femmes avaient vécues cela.
LE BONHEUR. Ma fille est née (avec ses 4kg05 et ses 51 cm, oui on ne fait les choses à
moitié ici !) et je répétais, pour la première fois à voix haute « on a réussi, j’ai réussi, j’avais
raison ».
Je crois que la team avec papa, la transmission du savoir par notre sage-femme, notre boite à outils avant et pendant, ont permis pour nous de vivre un accouchement merveilleux.
Alors à la question et si c’était à refaire ? Je re signe de suite pour ressentir toute cette fierté, ces hormones du bonheur, et la cohésion entre cette nouvelle équipe réunie pour la première fois à trois !
