Témoignage : Allaiter peut être un combat
À peine les deux traits sur le test que je décidais que j’allais allaiter.
C’était en 2017. J’étais décidé.
Je me suis doucement renseignée courant du 5ème mois. Promptement j’ai arrêté, persuadée qu’un acte si naturel si ancestral coulait de source.
L’accouchement a duré 2 petites heures, mon fils a été perturbé par cet atterrissage rapide, trop fatigué il n’avait pas l’envie de prendre le sein. Pendant le séjour on m’a pressé sur l’importance que mon enfant tête pour ne pas perdre de poids.
Source d’angoisse infinie pour une jeune mère la fameuse perte de poids physiologique, elle a été double dans mon cas devant un bébé qui ne répondait pas au stimuli.
Les puéricultrices venaient le changer, lui passer un gant humide sur le visage ou même le mettre en body (il est né un 31 décembre) pour tenter de le faire accrocher à mon sein, en vain, pire encore devant son manque d’envie il me pinçait les tétons entre les gencives pour retrouver un semblant de sérénité.
Évidemment les choses ont vite dégénérées. A force de pincer il m’a blessé, à sang. Les tétées sont devenues insupportables à partir de ce moment, on m’a alors demandé de me procurer des BDS ( bouts de sein) que ça l’aiderait lui à avoir une meilleure prise du sein et moi à supporter la douleur. Malgré la lanoline ça ne cicatrisait pas.

Je suis alors passée au pansement de lait maternel, puis au coquillage de nacre.
Ça n’a rien arrangé, mon fils régurgitait le sang qu’il avalait durant les tétées. Au bout de 3 semaines j’ai décidé que c’était trop. Trop de souffrance, trop d’appréhension de la prochaine tétée, trop d’organisation avec les BDS.
Je ne voulais pas de ça. Et quand bien même l’allaitement me tenait à cœur je ne pouvais supporter davantage de douleur. Ça m’a brisé le cœur.
Moi, pauvre incapable, pas foutue de savoir allaiter son enfant. Bordel qu’est ce qu’il clochait chez moi ???
En 2018 je retombe enceinte. Ok cette fois je m’informe CORRECTEMENT, je diversifie mes sources (LLL, ATUA, l’Or Blanc, des groupes Facebook d’allaitement), j’en parle à ma sage femme également, je me rends au réunion allaitement de ma maternité. Je suis déclenchée par syntho, j’ai affreusement peur que ça se répercute sur ma montée de lait et que ma fille perde du poids (traumatisme du premier accouchement j’en ai loué une balance, que j’ai vite redonné à la pharmacie) mais je tiens bon.
Je la garde sur moi dès sa naissance, même la nuit. La montée de lait est arrivée à J2 contre J6 la 1ère fois.
A partir de ce moment là elle me fait déjà mal, je mets de la lanoline et les coquillages. Je suis terrorisée à l’idée que le schéma se répète.
Durant le séjour j’ai sollicité inlassablement le personnel pour vérifier les positions pensant que ça venait de là. Le retour à la maison n’est guère mieux.

Mes mamelons sont abîmés, très abîmés, j’ai envie d’abandonner.
Autour de moi personne n’allaite, mon conjoint face à la douleur me dit d’arrêter, je me sens seule.
Je demande de l’aide à l’or blanc qui me trouve une marraine. Je sers les dents, contacte une conseillère IBLC qui détecte un frein de langue et un frein de lèvre supérieur.
Je contacte Dr Feredj et obtient un rendez vous 5j plus tard. Il coupe le frein de langue, laisse le frein de lèvre.
Dès la première tétée la douleur s’atténue, la prise du sein est meilleure. Malheureusement les plaies ne guérissent pas. Je soupçonne un muguet, je suis un traitement et en seulement 15J tout est guérie. Notre aventure peut enfin commencer.
C’était il y a un mois, Zoé a maintenant 3 mois, tout n’est pas rose mais on commence à être rodée toutes les deux, le fameux quatrième trimestre.
Maintenant on va mener un autre combat, qui vous fera écho également, celui du « ah bon tu l’allaites encore mais elle peut prendre autre chose maintenant c’est bon elle a assez profité »