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Récit de naissance : Le jour où tu es né - Sophie nous raconte la naissance de son petit Marlo

Le jour où tu es né

Le récit de mon (merveilleux) accouchement.



La veille de ta naissance, rien ne laissait prévoir que tu étais sur le point d’arriver. J’étais à 41 semaines + 4 jours, et je n’avais pas vraiment eu de contractions douloureuses de toute ma grossesse. Alors le 4 juillet 2018, quand je partais me coucher, je n’imaginais pas une seule seconde que cette nuit-là, c’était la bonne.

Le 4 juillet à 4h56 du matin, je me réveille pour aller aux toilettes. A moitié endormie, je vois au fond de ma culotte une grosse tâche rouge vif. Je perds du sang. J’ai lu que ça pouvait arriver en fin de grossesse mais la quantité m’inquiète un peu. Sur les documents de la maternité, il était indiqué que toute perte de sang devait être signalée. Au lieu de réveiller Nico pour lui demander son avis, je décide de retourner me coucher et d’attendre que son réveil sonne à 6h40. Il était prévu qu’il aille au travail ce jour-là. J’essaie de me rendormir mais en vain. Vers 6h00, je sens une tension dans le bas de mon ventre qui dure une trentaine de secondes. Ma première contraction. C’est alors que je me dis que je pourrais bien te mettre au monde aujourd’hui ou au plus tard dans la nuit de demain. Je souris dans un demi sommeil.


À 6h40 le réveil de Nico sonne. Il ouvre les yeux et voit que je suis déjà réveillée et que je l’observe. Il me regarde d’un air interrogateur. Je lui dis que l’accouchement est peut-être pour aujourd’hui. Vers 7h30 il appelle la maternité pour moi et explique la situation. Après avoir raccroché, il me dit que nous devons nous rendre à la maternité pour un examen, avec nos valises, au cas où je devrais y rester. Cela m’étonne mais je suis persuadée qu’ils me laisseront ressortir. Après tout, je n’ai eu que 2 contractions, ils me laisseront sûrement commencer le travail chez moi. Après une bonne douche et un petit déjeuner copieux, nous partons à la maternité.


À 11h00, le médecin de la maternité me fait faire un monitoring de 30 minutes. Ton rythme cardiaque est parfait, et il y a bien des contractions environ toutes les 10 minutes, mais je ne les sens pas. Après le monitoring, on me fait une échographie, tout va bien et tu es estimé à 3,200 kg. Le médecin examine mon col qui n’est dilaté qu’à 1cm. Je suis loin des 10 centimètres nécessaires pour te donner naissance. Cependant, après un test positif de liquide amniotique et à cause du sang que j’avais perdu, ils décident de me garder pour au moins une nuit. Je ne m’y attendais pas mais c’est ainsi. Ils m’amènent dans ma chambre et je déballe mes affaires. Si je dois accoucher dans la nuit, il vaut mieux que je me repose et Nico aussi. Je le renvoie à la maison pour qu’il fasse une sieste, ce n’est pas ici qu’il trouvera le sommeil. Il hésite car j’ai quelques contractions douloureuses, mais qui sont à mes yeux tout à fait gérables. Je lui promets de le rappeler s’il se passe quoi que ce soit. C’est donc à 15h00 qu’il rentre à la maison, j’essaie de faire une sieste mais je n’y parviens pas. À 16h00, je commence à ressentir les contractions qui se font de plus en plus désagréables, alors je marche dans ma chambre, j’écoute un peu de musique pour me relaxer.


À 19h00, je fais un nouveau monito, mes contractions sont espacées de 4-5 minutes, et après avoir examiné mon col à 20h00, le docteur m’annonce que mon col est dilaté à 4cm. C’est super, j’espérais seulement avoir progressé d’un ou deux centimètres depuis la matinée. Le docteur me propose d’aller en salle de travail ou je pourrais être plus confortable et avoir accès au ballon, à la baignoire ect. J’accepte volontiers en pensant au bon bain chaud qui m’attend en salle nature. Avant d’être transférée, j’appelle Nico pour lui dire de revenir rapidement, il me dit qu’il sera là dans 30 minutes.

À 21h00, j’arrive en salle de travail et Nico me rejoint quelques minutes plus tard. Ce soir-là, la sage femme de garde est Sylvia, elle m’a l’air très sympathique et à l’écoute de mes choix et de mon projet de naissance: un accouchement aussi naturel que possible, non médicalisé et en baignoire physiologique. C’est ce dont je me suis préparée durant toute ma grossesse. Malheureusement, elle m’informe qu’une maman est déjà dans la salle nature et qu’elle souhaite y rester jusqu’à la fin de son accouchement. Je me sens un peu dépitée à l’idée de dire adieu à ce beau projet de naissance et de devoir accoucher sur le lit sur lequel je suis assise à ce moment-là. Mais une contraction arrive, je chasse mes pensées négatives et me concentre en respirant profondément. Tout va bien se passer. La sage femme me dit que si je le souhaitais, elle pourrait toujours me couler un bain dans la baignoire classique de la salle de bain.


Elle m’explique qu’elle n’est pas aussi spacieuse que la baignoire physiologique mais que ça pourrait toujours m’aider à me détendre. J’accepte sans hésiter, c’est tout ce qu’il me faut. Elle m’examine avant de partir préparer le bain.

D’après elle, mon col est dilaté à 6cm. Elle revérifie 40 minutes plus tard avant de m’amener dans la salle de bain, et me dit que je suis maintenant à 7-8cm. Je n’en crois pas mes oreilles, je progresse beaucoup plus rapidement que ce que je pensais. C’est à 22h00 que je me glisse dans le bain.


La chaleur de l’eau et la lumière tamisée me détendent instantanément, je suis dans mon élément. C’est là où je souhaite rester jusqu’à ta naissance, mon bébé. La douleur des contractions est beaucoup plus gérable dans l’eau, je ne regrette pas d’être ici. La baignoire n’est d’ailleurs pas si petite que ça, je peux m’allonger complètement et être immergée dans l’eau chaude de la tête aux pieds.

Nico est à mes côtés sur un petit tabouret, il me masse le front et les tempes. Il a l’air très calme, le voir aussi serein m’aide aussi à me détendre. A 22h30, Sylvia examine mon col, 9cm. Encore 1cm avant de pouvoir pousser. Je peux y arriver. Les contractions sont douloureuses mais pas insoutenables. Sans être pessimiste, je sais qu’elles empireront, la poche des eaux est encore intacte et cela devient beaucoup plus difficile lorsque celle-ci est percée. Je me demande si tu seras né aujourd’hui ou si tu viendras dans la nuit du lendemain… J’ai tellement hâte de faire ta rencontre.


Quelques minutes avant 23h00, nous entendons une femme pousser des cris d’agonie dans les couloirs, visiblement en train d’accoucher. Sylvia, ma sage femme, va et vient pendant près d’une heure et m’explique alors qu’elle doit partir s’occuper de cette maman qui vient de donner naissance à son enfant. Une autre sage femme viendra prendre le relais pour s’occuper de moi. Minuit passe, je me dis que tu naîtras le 5 juillet, c’est sûr.


La nouvelle sage femme m’examine pour la première fois à 1h00 du matin, et les mots qu’elle prononce alors me laissent bouche bée. Elle me dit que je suis dilatée à 7cm. Je tombe de haut, moi qui croyais être à la toute fin… Je désespère un peu en sachant que je dois encore endurer les contractions qui sont censées être les plus douloureuses au cours de la dilatation du col pendant l’accouchement, celles qui surviennent entre 7 et 10 centimètres. Je fais part de mon désarroi à la sage femme, qui me dit qu’elle est désolée… Je n’ai pas d’autre choix que de redoubler d’efforts et de patience, même si la ligne d’arrivée me paraît loin. Je continue de bien respirer pendant les contractions alors que Nico me tient la main.


Une heure plus tard, 2h00 du matin. La sage femme m’examine le col à nouveau. Alors qu’elle m’explique que j’ai progressé d’un centimètre depuis la dernière heure, je sens un liquide chaud sortir de moi. Visiblement, la poche des eaux est rompue. Je me dis alors que le travail pourrait bien accélérer à partir de maintenant.

La contraction qui suit est tout simplement atroce. Je te sens descendre et glisser dans mon bassin alors que mon utérus se contracte. La sage femme m’avait prévenue que les contractions ne feraient pas plus mal mais que la pression en bas serait plus forte. Je suis d’accord, la pression est plus forte, mais c’est bien ça qui fait mal ! Les contractions qui suivent sont tellement douloureuses qu’à partir de ce moment, lorsque je me remémore l’accouchement, c’est comme si je voyais la scène de l’extérieur, à travers les yeux de quelqu’un d’autre. C’est peut être le moyen qu’à trouvé mon cerveau de me protéger de cette douleur intense, de me « faire sortir de mon corps ».


Mes souvenirs après ce moment sont très vagues. Je me rappel de certaines choses mais elle paraissent lointaines dans ma tête comme si elles étaient arrivées à quelqu’un d’autre et non à moi. Une vraie expérience hors du corps. Je n’ai plus du tout la notion du temps, je suis dans ma bulle, il n’y a que moi et les contractions. Le temps passe lentement et vite à la fois. Je suis si fatiguée que je m’endors entre les contractions. Dans ces moments de répit-là, je laisse mon corps couler au fond de la baignoire, j’immerge aussi ma tête dans l’eau jusqu’aux oreilles.


Je n’entends plus rien, je m’éteins et refais le plein d’énergie jusqu’à ce que la contraction suivante s’invite et me réveille. Toi mon bébé, tu bouges beaucoup, et plusieurs fois ton rythme cardiaque disparaît du monito. En pensant à ma propre douleur, je prie pour que ça ne soit pas aussi douloureux pour toi. Je peine à respirer correctement pendant les contractions.

La sage femme me propose un anti douleur que je refuse mais qui est tentant néanmoins. Après être passée de ce que je croyais être 9 centimètres de dilatation à 7, je me demande si j’arriverai à tenir jusqu’au bout. Je décline une première fois mais j’y reviens peu après en lui demandant ce qu’étaient ces anti-douleurs dont elle a parlé plus tôt. Elle me répond et emploie des mots que je ne comprends pas, des termes qui ont l’air de sortir d’un livre de chimie. Ça n’a pas l’air naturel du tout alors je refuse une deuxième fois, mais je suis un peu découragée.


La sage femme sort de la pièce et Nico me prend la main, et m’assure que je suis assez forte pour terminer l’accouchement sans anti-douleurs comme je le souhaitais. Ce soir-là, c’est un champion. Il est là pour moi, il est calme, présent aux moments où j’ai besoin de lui. Il m’aide à trouver une position confortable, place des serviettes derrière ma tête, me regarde d’un air bienveillant qui me redonne des forces. En y repensant, c’est évident que c’est lui qui m’a permit d’aller jusqu’au bout.


En l’écoutant me parler ainsi, mes doutes s’envolèrent et pas une fois après je repensais à ces produits qui étaient supposer atténuer ma douleur. Je retrouvais confiance en moi, mais la douleur des contractions se montrait de plus en plus forte. Je vivais un vrai combat, c’était elles contre moi, contre ma force mentale. Peu après, la sage femme me propose quand même une transfusion homéopathique qui est censée m’aider à dilater mon col. Elle m’explique qu’elle veut m’aider. Je l’accepte sans vraiment savoir si ça sera efficace. Au moins, c’est naturel.


Les contractions passent et se font de plus en plus douloureuses. J’ignore combien de temps passe entre chacune d’elles, je m’éffondre d’épuisement lorsqu’une contraction se termine. Bientôt, souffler profondément ne suffit plus. La sage femme me dit que je respire très bien mais m’encourage à exprimer ma douleur si j’en ressens le besoin. Je ne crie pas mais je m’aide de ma voix pour gérer la douleur, tel un chant. Elle me dit que c’est très bien.

Le temps passe, je ne sais pas si une heure ou une minute s’est écoulée mais Sylvia, ma première sage femme, est de retour. Elle a terminé d’aider l’autre maman qui vient d’accoucher. Je suis heureuse qu’elle soit revenue. Elle ne m’examine plus le col mais je sens que le moment approche. Une sensation nouvelle s’installe, celle de pousser. Bientôt, elle m’envahit et je ne peux rien faire pour l’empêcher, c’est de l’instinct, un réflexe. Comme une vague qui vient habiter mon corps, je ne montre aucune résistance, je l’accueille et l’adopte.


La contraction me pousse à pousser et je laisse mon corps prendre le relais. Pousser est un besoin tellement fort que je le vis comme un soulagement, un moyen de relâcher la pression.


Je pousse pendant quelques contractions et bientôt, une sensation de brûlure intense se fait sentir. C’est la douleur la plus forte que j’ai jamais ressentie de ma vie. Je le sais car je me souviens m’être dit cela alors que j’étais à l’agonie dans cette baignoire. Pourtant aujourd’hui, je ne m’en rappel pas, comme si ça ne m’était jamais arrivé. Mais sur le moment, j’ai l’impression que je vais exploser. Je le dis à la sage femme qui affirme que c’est totalement normal.


Je m’entends dire que c’est trop, que je ne peux pas, mais dans ma tête, j’ai un tout autre discours. Je décide d’ignorer cette sensation et je mets en pratique ce que j’ai appris au cours de ma grossesse. Je me concentre sur une contraction à la fois, je ne pense pas à celles qui sont passées ni à celles qui viendront après.


Je trouve mon confort dans la douleur. Je relaxe les muscles de mon corps, je relâche mon périnée, et je pousse. Mon corps est en feu, mais je respire à travers les flammes. Après quelques contractions, je parviens à toucher ta tête, mon bébé, je perçois quelque-uns de te cheveux. Je t’aurai bientôt dans mes bras, et rien que de savoir ça, je suis prise d’une nouvelle force. Après quelques minutes et beaucoup d’efforts, ta tête est complètement sortie. Sylvia m’encourage à la toucher et me dit qu’il ne reste plus qu’une contraction avant de pouvoir te serrer contre moi, mon petit garçon. Cette dernière contraction, je l’attends avec impatience. Je la sens arriver et je me concentre plus que jamais à pousser. D’abord une épaule, un bras puis l’autre, ton petit corps glisse hors de moi alors que moi, je reprends mes esprits après avoir passé les dernières heures comme à l’extérieur de mon corps.


Quand tu naîs, je suis là, je prends ton petit corps glissant dans mes bras et te serre contre ma poitrine. J’entends tes pleurs, et des larmes de bonheur coulent aussi sur mes joues. C’est vrai ce qu’ils disent, une fois votre bébé né, plus rien d’autre ne compte à vos yeux, et la douleur n’est plus, elle n’a jamais existé. Je suis persuadée à présent que la rencontre avec son enfant est le moment le plus beau, le plus pur qu’une femme puisse vivre.


Je regarde Nico, ton papa, je te regarde, mon fils, ton visage tout rose et tout propre, je te dis à quel point je t’ai attendu et à travers mes propres larmes, je te murmure que tu es le plus beau bébé que j’ai jamais vu. Je te couvre de baisers et c’est comme si toute ma vie prenait soudain un sens, je sais à ce moment précis que je suis née pour être ta maman, mon petit ange. Tu est né le 5 juillet à 4h57. Exactement 24 heures plus tôt, à 1 minute près, j’ignorais encore que j’allais vivre la journée la plus riche en émotions de toute ma vie.

A propos de l'auteur :

Moi, c’est Sophie, 26 ans, en couple depuis 2014 et heureuse maman allaitante du petit Marlo, né en juillet 2018. Nous sommes une famille franco-allemande et nous parlons 3 langues à la maison.


Depuis que mon test de grossesse m’annonçait un résultat positif (mon rêve le plus fou!), un accouchement naturel, un allaitement exclusif et des méthodes d’éducation bienveillantes étaient pour moi une évidence…


Découvre son blog ici !

https://lactivistababy.wordpress.com/2018/11/12/le-jour-ou-tu-es-ne-le-recit-de-mon-merveilleux-accouchement-2/?preview=true


#recitdenaissance

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